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guerite d’Autriche, soutenues par un aigle et par plusieurs enfants d’une rare beauté.

Peu de temps après, le duc Alexandre ayant été tué, on trama au Borgo un complot dont le but était de livrer une porte de la ville à Pietro Strozzi qui se trouvait à Sestino. Des soldats bannis, compatriotes de Cristofano, lui écrivirent pour le prier de prendre part à cette trahison. Cristofano s’y refusa, et, pour ne pas compromettre les conjurés, déchira les lettres qu’il avait reçues, au lieu de les déposer, conformément à la loi, entre les mains de Gherardo Gherardi, que le duc Cosme avait nommé commissaire au Borgo. Lorsque les troubles furent apaisés, on découvrit ce qui s’était passé, et un grand nombre d’habitants du Borgo, parmi lesquels était rangé Cristofano, furent condamnés comme rebelles. Le signor Alessandro Vitelli, qui savait comment les choses avaient eu lieu, aurait pu parler et sauver notre artiste ; mais il s’en garda soigneusement afin de le forcer, pour ainsi dire, à travailler à son jardin de Città-di-Castello dont nous avons déjà parlé. Après avoir dépensé beaucoup de temps sans aucun profit à ce travail, Cristofano, désespéré, se réfugia avec d’autres bannis à San-Giustino, à un mille et demi de Borgo, sur le domaine de l’Église, non loin des frontières florentines. Bien qu’il y fût en danger, il y peignit, dans une chambre d’une tour qui appartenait à l’abbé Bufolini de Città-di-Castello, des enfants et des figures en raccourci, des grotesques, des festons, et les mascarons les plus bizarres que l’on puisse imaginer. L’abbé, enchanté de cet ou-