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sente Loth et ses filles, sortant de la ville de Sodôme incendiée, Gérion avec Virgile et Dante, et maintes années auparavant, Orphée ramenant Euridice des enfers. Son Excellence voulut que ces décorations ne fussent plus confiées à des manœuvres qui faisaient mille âneries, mais bien à un artiste distingué. Il eut donc recours au Tribolo qui, avec son talent accoutumé, construisit un magnifique temple octogone, haut de vingt brasses, surmonté d’une statue de la Paix qui mettait le feu à un monceau d’armes. Ces armes, la statue de la Paix, et les autres figures qui l’accompagnaient, étaient modelées en carton, en terre et en étoffes, afin que toute la machine fût assez légère pour que l’échafaud sur lequel on la dressa au milieu de la place pût la porter avec sécurité. Malheureusement le Tribolo rapprocha trop l’une de l’autre ses pièces d’artifice, de sorte qu’au lieu de durer une heure au moins, elles brûlèrent en un clin d’œil. Le pis de l’affaire fut que le feu s’attacha à la charpente que l’on devait conserver et qui, en s’écroulant, menaça de blesser les spectateurs. Quant à la décoration considérée en elle-même, elle fut la plus belle de toutes celles que l’on avait faites jusqu’alors.

Peu de temps après, le duc résolut de bâtir, pour la commodité des citoyens et des marchands, la loggia du Marché-Neuf. Comme le Tribolo était déjà occupé, en sa qualité de chef des commissaires des eaux, à ramener dans leurs lits plusieurs fleuves, à restaurer des ponts, et à divers travaux du même genre, le duc, pour ne point le surcharger, confia