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verdure. Au milieu de la salle est une table de marbre, surmontée d’un vase traversé d’un tuyau d’où s’échappe un jet d’eau qui retombe dans un autre tuyau qui grimpe, comme le premier, sous une épaisse couche de feuilles de lierre que l’œil ne pourrait percer. À l’aide d’une clef, on livre passage à l’eau ou on la retient prisonnière à volonté. Je ne saurais décrire les divers instruments de cuivre dont le chêne est garni, et dont on se sert pour asperger les personnes qui en approchent, et pour produire des sons et des sifflements effrayants. Enfin toutes ces eaux, après avoir été employées à tant d’usages différents, se rassemblent et vont se jeter dans les deux étangs qui sont au delà du palais, au commencement de l’allée de mûriers.

Maintenant disons ce que le Tribolo avait projeté de faire pour les statues qui devaient occuper les niches du jardin du labyrinthe. Il voulait, suivant le conseil de Messer Benedetto Varchi, poète, orateur, et philosophe distingué de notre époque, distribuer aux deux bouts du jardin les quatre saisons de l’année, c’est-à-dire, le Printemps, l’Été, l’Automne, et l’Hiver. En entrant, à droite, à côté de l’Hiver, et le long du mur, auraient été placées six statues rappelant les vertus de la famille Médicis et du duc Cosme. Ces statues auraient représenté la Justice, la Piété, le Courage, la Noblesse, la Sagesse et la Libéralité. Ces vertus ayant fait fleurir à Florence les lois, la paix, les armes, les sciences, les langues et les arts, et le duc Cosme s’étant montré juste avec les lois, pieux pendant la paix, courageux