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Pendant la célébration des noces, le Tribolo reçut une lettre de Messer Pietro del Magno, son intime ami, qui le priait de se rendre à Bologne pour sculpter un bas-relief en marbre, de trois brasses et demie de dimension, destiné à remplir un superbe encadrement en marbre, qui était déjà achevé dans l’église de la Madonna-di-Galiera. Le Tribolo, qui n’avait alors aucun autre travail, alla à Bologne, et fit le modèle d’une Vierge montant au ciel en présence des douze Apôtres. Il se mit ensuite à sculpter ce sujet, mais à contre-cœur, car son marbre était un de ces mauvais blocs de Milan, coquilleux et traversés de veines, où il ne pouvait rencontrer ce plaisir que l’on éprouve à travailler les marbres susceptibles de recevoir un lustre semblable au poli de la chair. Néanmoins il s’arma de courage, et il avait presque terminé sa tâche, lorsque je disposai le duc Alexandre à rappeler de Rome Michel-Ange et d’autres artistes pour achever la décoration de la sacristie de San-Lorenzo, commencée par Clément VII. J’aurais certainement réussi à faire donner quelques travaux au Tribolo à Florence ; mais, sur ces entrefaites, le duc Alexandre ayant été assassiné par Lorenzo de Médicis, mes projets furent anéantis. Le Tribolo m’écrivit pour déplorer la mort du duc, et pour m’engager à supporter avec résignation la perte de ce grand prince, mon bienveillant seigneur. Il ajoutait que, si j’abandonnais la cour pour me rendre à Rome et me consacrer entièrement à l’étude, comme il l’avait appris, il me prierait de lui chercher de l’occupation.