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siner des corniches, des feuillages, des grotesques et, eu un mot, tout ce qui était nécessaire à l’exercice de son métier. Le Tribolo donna de telles preuves d’intelligence et d’adresse, que Raffaello, homme plein de sens et de jugement, ne put se résoudre à le garder près de lui pour n’en faire qu’un simple menuisier. Il consulta son confrère Ciappino, qui lui conseilla de placer Tribolo en apprentissage chez Nanni Unghero, son intime ami, qui exerçait l’état de menuisier et celui de sculpteur en bois. Raffaello adopta l’avis de Ciappino et confia son fils pour trois ans à Nanni, dont la boutique était le rendez-vous ordinaire de Jacopo Sansovino, d’Andrea del Sarto et de divers artistes qui depuis ont acquis une haute célébrité. Nanni était alors chargé d’exécuter de nombreux ouvrages de menuiserie et de sculpture en bois pour la villa de Zanobi Bartolini, à Rovezzano, hors de la porte alla Croce ; pour le palais Bartolini, que l’on construisait sur la place de la Santa-Trinità, et pour le jardin et la maison que Giovanni, frère de Zanobi, possédait à Gualfonda. Nanni, ainsi accablé de besogne, n’épargna point le Tribolo, qui du matin au soir fut forcé de manœuvrer des scies, des rabots et d’autres grossiers outils. Le dégoût ne tarda pas à s’emparer de notre jeune élève. Sa santé s’altéra, et lorsque son père lui en demanda la cause, il lui répondit « qu’il pensait ne pas pouvoir rester avec Nanni ; qu’il fallait aviser à le faire entrer dans l’ateulier d’Andrea del Sarto, ou dans celui de Jacopo Sansovino, et qu’il espérait profiter davantage et se mieux porter chez l’un ou l’autre de ces maîtres. »