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de ce genre. Il faut ajouter à cela que, malgré la variété extraordinaire des couleurs, tous les tons sont si bien rompus, qu’ils produisent ordinairement un effet suave et harmonieux, d’un charme tout particulier. La miniature la plus belle qui peut passer, à juste titre, pour un chef-d’œuvre, sous tous les rapports, c’est la onzième, qui représente Cyrus permettant aux Juifs de rentrer en Palestine. Quoique les guerres de religion qui survinrent en France pendant le XVIe siècle aient fait une guerre de dévastation très-radicale aux tableaux d’église, nous ne doutons pourtant pas qu’avec un peu de zèle de la part de l’administration des musées royaux, on ne parvienne encore à découvrir aujourd’hui quelques grands tableaux de Fouquet et d’autres maîtres français contemporains qui ne sont point représentés au Musée.

Il y a à la Bibliothèque Royale un nombre considérable de manuscrits qui prouvent que Fouquet a trouvé beaucoup de successeurs. Nous signalons ici, parmi leurs plus remarquables productions, la traduction française de Tite-Live, 3 vol. in-fol. (mss. franç., no 6984), un des monuments les plus riches, en grandes miniatures, que nous connaissions. Comparées aux peintures de Fouquet, ces miniatures nous paraissent des ouvrages habilement faits, mais des produits mécaniques à qui manque totalement le cachet du maître, et qui sont dépourvus de cet esprit et de cette finesse qui distinguent cet artiste. Nous ne pouvons donc donner raison à ceux qui veulent y reconnaître la main de Fouquet.