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et sont, surtout la première, des ouvrages fort remarquables de cette époque, de la main d’un artiste des Pays-Bas. Mais, à partir de la quatrième miniature, il est aisé de reconnaître une manière tout-à-fait différente : il y a, de cette manière, non pas neuf, mais onze miniatures qui annoncent dans la composition un sens artistique si profond, un style si grand, un goût si exquis, quelles auraient suffi pour nous faire conjecturer que leur auteur a également exécuté des tableaux de plus grande dimension, lors même qu’un écrivain allemand de la plus haute instruction dans nos arts, et dont les conseils nous ont été aussi utiles que son amitié nous est précieuse, ne nous aurait point assuré qu’il avait vu un tableau d’église de cet artiste français chez M. Georg Brentano à Francfort-sur-le-Mein[1] Est-ce pour cette raison que Jean Fouquet est nommé, dans la notice citée plus haut, « paintre et enlumineur ? » Les motifs gracieux et fins y sont maniés avec une grande aisance. Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est l’emploi heureux de la perspective linéaire et du clair-obscur, qui donne à quelques-uns de ces petits tableaux un ensemble et une tenue tout-à-fait hors de ligne, et que nous n’avons vus dans aucun autre ouvrage contemporain

  1. Ce tableau représente Étienne Chevallier, trésorier du roi Charles VII de France, avec son patron. M. Brentano possède encore quarante miniatures de la plus grande beauté, tirées d’un Livre d’heures de ce même trésorier, et qui, à juger d’après les miniatures de la traduction de Josèphe, sont aussi de la main de Jean Fouquet. Enfin, le poète anglais M. Samuel Rogers possède dans sa belle collection, à Londres, une miniature détachée du même Missel d’Étienne Chevallier.