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et tous les ordres d’expressions de la face humaine qui se peuvent traduire par la peinture. Sorti de l’école d’un peintre en miniature, ainsi que notre auteur nous l’apprend, Fiesole exerça d’abord son talent dans cette branche de l’art où le grand nombre de manuscrits qu’on fit faire à cette époque lui fournit une occupation très étendue. Chez lui, les formes du corps, quoique défectueuses et inanimées dans le dessin, ont néanmoins souvent une certaine ampleur qui tend au plus beau caractère. Les motifs de ses ajustements sont un peu plus simples, mais renferment déjà tous les éléments de la majesté et de la grâce que son école développera bientôt. Sa couleur est moins harmonieuse, moins vigoureuse, moins vraie que celle des Brabançons. Son modelé, ainsi que son clair-obscur, ne sont pas très-approfondis.

Malgré le silence gardé par le Vasari sur la plupart des peintres en miniature qui florissaient à cette époque en Italie, tant dans les monastères que dans les écoles de Florence et de quelques autres villes de la Toscane, on peut conjecturer, d’après la multitude d’ouvrages de ce genre, exécutés, soit pour les missels et les livres de chœur, soit pour les manuscrits des auteurs classiques et des poètes nationaux, que le nombre des artistes qui cultivaient la peinture dans ses rapports avec la calligraphie, ne fut jamais si considérable que dans le XVe siècle. Le roi de Hongrie, Mathias Corvin[1], en entretenait à

  1. La bibliothèque que Mathias Corvin avait rassemblée à Bude s’élevait à 50,000 volumes ; elle fut pillée par les Turcs en 1527.