Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Bibliothèque Royale de Paris possède le monument le plus important et le plus beau que nous connaissions de la première partie de cette époque : c’est le Bréviaire du duc de Bedford, régent de France, qui entretenait des relations très suivies avec les Pays-Bas, où florissaient alors les frères Van-Eyck, et qui épousa, en 1423, Anne, sœur de Philippe le Bon. Ce manuscrit précieux forme un volume in-8o (mss. lat., no 82), et fut achevé en 1424. La plupart des tableaux respirent tellement l’esprit des deux frères Van-Eyck, ressemblent tellement au fameux tableau de ces artistes qui se trouve dans la cathédrale de Gand, et qui fut exécuté de 1420 à 1482, que nous n’hésitons point à croire que les deux frères Van-Eyck en soient en partie les auteurs. Trois manières assez distinctes s’y aperçoivent : la délicatesse dans les teintes, l’harmonie extraordinaire dans la couleur locale, une touche facile et libre y font reconnaître la main d’Hubert Van-Eyck. Celle de son frère Jean s’indique par une plus grande énergie dans les têtes, par une originalité plus forte dans les caractères et l’expression, par plus d’élégance dans les proportions et de pureté dans les ajustements. Le troisième collaborateur se montre plus faible, quoique son talent soit encore élevé, simple, gracieux et concordant. Comme, d’après le témoignage de Van-Mander, Marguerite Van-Eyck, sœur de ces deux artistes, a également cultivé la peinture, il se pourrait bien qu’elle eût prêté son aide à l’exécution de ce précieux livre.

Un riche particulier anglais de Liverpool, sir John