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à l’art antique, et toutes les combinaisons peuvent y habiter. Les maîtres de l’art moderne travaillent autrement ; nourris dans des dogmes non moins obscurs sans doute, mais plus sympathiques et plus larges, ils se jettent franchement à la poursuite de toutes les réalités du monde extérieur. L’impression qu’ils en reçoivent ne cherche pas à s’amoindrir dans l’expression qu’ils en donnent. Le réel, pour eux, c’est le beau. Mais à travers leur œil sympathique, leur intelligence indépendante, et leur cœur fraternel, toute réalité se colore de ce qui doit la relever, l’anoblir au degré convenable, et si de sa nature elle résiste aux puissants réactifs que l’artiste porte en soi, il n’en vient pas moins sûrement à bout dans son œuvre, en l’y plaçant comme contraste. Les maîtres de l’art moderne cherchent donc l’apparence individuelle et non l’apparence générale, l’expression particulière et non l’expression typique, la beauté vivante et non la beauté idéale.

Cette distinction faite, nous reprenons, pour en finir, l’examen des productions de la miniature. L’Italie et les Pays-Bas, vers le commencement du XVe siècle, pouvaient assurément être regardés comme les deux centres principaux des arts en Europe. Les travaux des miniaturistes y attestaient une perfection merveilleuse. Les procédés matériels, sans subir de transformations notables, furent judicieusement améliorés. La peinture à la gouache préluda à toutes les recherches et à tous les résultats qui, un peu plus tard, allaient écheoir à la pra-