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miniatures des trente-deux premières pages ont tous les caractères de l’art italien, et rappellent à quelques égards les ouvrages de Spinello d’Arezzo, sous d’autres rapports, ceux des premiers temps de Gentile da Fabriano : elles appartiennent par conséquent à la fin du quatorzième siècle. Les autres miniatures, dont le nombre total se monte à peu près à cinq mille, sont de différentes mains et d’un mérite inégal[1].

Le temps n’a épargné aucun des ouvrages exécutés par des artistes italiens du quatorzième siècle qui jouirent d’une grande célébrité, comme peintres de miniatures, tels que Oderigi d’Agobbio, qui fut l’ami de Giotto, et travailla beaucoup pour la bibliothèque du Vatican, et Franco de Bologne, qui travailla aussi à la cour pontificale, et laissa son rival bien loin derrière lui. Mais si les fragiles produits de leurs pinceaux ont disparu sans retour, leur mémoire en a été amplement dédommagée par le bon souvenir que leur a gardé le Dante, leur ami, dans ces vers du onzième chant de son Purgatoire si souvent cités :

Oh, diss’io lui, non se’tu Oderisi,

L’onor d’Agobbio e l’onor di quell’arte
Ch’alluminare chiainata in Parisi ?
Frate, diss’egli, più ridon le carte
Che pennelleggia Franco Bolognese :

L’onore è tutto or suo, e mio in parte.
  1. Voyez les dessins de ce riche manuscrit chez Camus, notices et extraits de la Bibliothèque nationale, vol. VI, p. 106.