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à quelques points près, se ressemblent fort. Nous donnons cependant le premier rang aux œuvres flamandes, qui se distinguent par une abondance plus grande d’inventions originales, par la variété et la physionomie des tètes, par la grâce des mouvements, et par leurs emprunts de plus en plus heureux et hardis à la vie de tous les jours, et aux contrastes de tristesse et de gaieté, de beauté et de laideur, d’activité et de repos, qu’elles présentent ; leur coloris est clair, animé, et pourtant harmonieux ; l’exécution, quoique toujours précise, est solide et empâtée. Chez les Français, l’invention est moins riche, les tètes sont moins vivantes et souvent conçues dans un esprit de routine qui ne permet pas aux artistes d’en différencier assez les traits. Les miniaturistes français donnent alors à leurs personnages ce nez démesurément long, d’une forme disgracieuse, et dont on n’explique pas l’adoption pleine d’entêtement dans ce temps où en toutes choses on cherchait à progresser, à mieux voir et à mieux faire. Leurs motifs sont pleins de grâce, mais assez monotones ; leur coloris froid et sans aucune splendeur ; leur exécution timide et peu nourrie, mais, en revanche, d’une finesse et d’une délicatesse dont on ne peut guère se faire idée en dehors de la présence de leurs résultats. Faut-il expliquer cette infériorité des artistes français, dans cette phase encore très honorable cependant pour notre école, par quelque préoccupation artistique dont la trace nous échappe, ou par la différence d’état où se trouvaient les deux pays : la Flandre florissant d’un côté, riche