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plus caractéristiques exemples. Dans le costume, le principe pittoresque l’emporte sur le principe plastique. Les dessous sont indiqués par le ton et par le clair-obscur plus que par le trait. Les plis s’écrivent désormais sous leur véritable aspect de souplesse et de mobilité. Les dessins, naguère arrêtés à la plume et sèchement coloriés, se transforment peu à peu en tableaux pleins d’harmonie et uniquement exécutés au pinceau. Les fonds dorés ou compartis en échiquier sont remplacés d’abord par les artistes flamands, naturellement enclins au paysage, par l’indication de la localité, indication où se montrent enfin les premiers essais de la perspective linéaire et aérienne. À l’exception du rouge de cinabre et du bleu entier qu’on trouve encore souvent, les couleurs sont claires et délicatement rompues. L’exécution en grisaille devient populaire.

En France et dans les Pays-Bas, les miniaturistes continuent leurs progrès sous la protection particulière qu’ils trouvent chez les trois fils du roi Jean de France, Charles V, roi de France, le duc Jean de Berri, et Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et souverain de la Belgique. Les sommes que ces trois amis zélés de la littérature consacrèrent à l’exécution des manuscrits ornés de miniatures sont très-considérables pour le temps. Les relations entre la France et les Pays-Bas étaient, à cette époque, tellement fréquentes que les artistes de ces deux pays peignaient souvent en commun. Jean de Bruges est notamment cité comme premier peintre du roi Charles V. Les miniatures flamandes et françaises,