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De 1340 à 1410 o s’opère la définitive transition de l’art conventionnel à l’art individuel. Le sentiment du vrai naturel amène celui du beau pittoresque. L’étude consciencieuse fournit la plus grande variété dans le champ des représentations profanes. Pour les personnages saints, une nouvelle configuration du masque s’établit. Le célèbre maître Guillaume de Cologne en produit les plus nombreux et les


    façon frappante à quel point les miniatures de cette époque ressemblent aux grands monuments contemporains. La peinture à la gouache est d’une sûreté et d’une délicatesse admirables, et ses produits, protégés par un vernis d’un éclat suave, sont d’une conservation excellente. Deux hommes ont dû concourir à l’exécution de ces ouvrages. À partir de la p. 72 B jusqu’à la p. 174, les miniatures sont faites d’une main plus libre et plus originale ; on y reconnaît ta manière giottesque avec les changements qu’avait introduits Simone Memmi de Sienne. Voyez encore un manuscrit du roman Tristan, dans le style giottesque, écrit en français, dans la seconde moitié du treizième siècle, et entrepris par les ordres de la cour Angevine de Naples ; un Miroir du salut (Speculum salvationis), petit in-folio, qui se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal (manusc. théolog., no 384), exécuté, selon la préface, en 1324, de caractère florentin, et rappelant à plusieurs égards les tableaux de Taddeo Gaddi, élève principal de Giotto. Ce volume contient cent soixante miniatures qui se distinguent par la simplicité et la noblesse de la composition, par une foule de motifs gracieux, par les mouvements heureux des mains et des pieds, par la précision et la fermeté du travail. Voyez, également à la Bibliothèque Royale, une Bible, petit in-folio (suppl, franç., no 632 B bis), qui rappelle l’école de Sienne, et notamment Simon Memmi ; un acte de fondation de l’ordre du Saint-Esprit, par le roi Louis de Sicile, in-folio (La Vallière, no 36 bis), écrit en français et orné de très belles miniatures dans le style giottesque qui, comme ce monument le prouve, avait même pénétré en Sicile vers la fin de cette époque ; les œuvres de saint Thomas d’Aquin, en italien, de la première moitié du quatorzième siècle, in-folio (fonds Régent, no 7241) ; un Livre d’heures, petit in-folio (suppl lat., no 132), moitié en latin, moitié en italien, du dialecte vénitien, exécuté à peu près vois 1400, et intéressant en ce qu’il donne une idée de l’état de la peinture contemporaine à Venise.