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des inspirations de l’Apocalypse s’introduisent peu à peu un grand nombre de sujets d’un mysticisme allégorique et emblématique, où toute la substance de la Bible est décomposée en tableaux mis en rapport tantôt entre eux, tantôt avec d’autres sujets profanes. De célèbres scolastiques mystiques, tels qu’Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin, doivent être considérés comme ayant exercé une puissante initiative sur le choix de tous ces thèmes pleins d’allusions. À côté des grandes séries de représentations mystiques et emblématiques, il s’en ouvre d’autres moins abondantes qui servent de catéchisme et d’instruction au peuple, telles que le Miroir du salut (Speculum salvationis), la Bible des pauvres, etc., etc. La Légende des saints modernes, le roman, le poème épique et la chronique s’exploitent de front avec l’histoire biblique. La traduction des auteurs classiques, celle surtout des poètes dramatiques, tels que Sénèque et Térence, fournit de plus en plus aux artistes l’occasion d’exprimer à leur manière l’esprit dans lequel ces ouvrages ont été conçus et exécutés. Dans l’invention, les modèles antiques disparaissent de plus en plus ; pour les sujets de l’histoire sainte comme pour ceux de l’histoire profane, pour les représentations du monde poétique comme pour celles de la vie réelle, tout est naïvement et franchement emprunté à l’époque contemporaine.

En Italie, l’art prend à beaucoup d’égards une marche différente de celle des autres pays occidentaux ; nous l’examinerons plus tard, en peu de