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Parmi l’incroyable pêle-mêle de toutes ces imaginations bizarres et arbitraires d’animaux fantastiques, suggérées par les allégories apocalyptiques et les écrits fabuleux de la chevalerie, on distingue parfois des délinéations véritablement savantes, consciencieuses et supérieures à la science générale de l’époque. Dans les indications et le jet des draperies, on s’inspirait alors habituellement des sculptures inhérentes aux édifices anté-gothiques, moins barbares que les œuvres de la fresque et de la mosaïque : les attitudes, dont le vice est d’être violentées, réussissent parfois à n’être que gracieusement animées ; les proportions, dont le défaut est d’être d’une longueur absurde, arrivent quelquefois à n’être que délicieusement élancées ; les mains et les pieds, trop petits, veulent devenir gracieux et fins ; les ajustements, trop étroits, veulent devenir savants et cherchent à exprimer la forme qu’ils recouvrent. L’ovale de la tête, la distribution des places principales, le caractère particulier des sourcils élevés et purs, des yeux largement ouverts, et des narines régulières et strictement attachées, ainsi que la finesse exquise de l’emboîtement des lèvres, peuvent certainement permettre de faire remonter au sentiment et aux efforts des ouvriers obscurs du onzième et du douzième siècle, le choix et l’intelligence qui permirent plus tard à l’école florentine de réaliser les types de beauté qu’on pourrait appeler modernes, types tout à fait sympathiques, pleins d’originalité et d’allure, et qui, certes, comme impression, peuvent se soutenir avec avantage vis-