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le sien, malgré l’arbitraire du nom qu’on lui donne.

Ainsi s’est produit ce que nous appelons l’art moderne, tout antique encore si on le regarde par un seul endroit.

Toujours est-il que, pendant la période dont nous nous occupons en ce moment, personne ne pourrait se refuser à admettre dans les productions de l’art la présence d’idées et d’affections toutes nouvelles. Manifestées déjà, suivant nous, précédemment, mais d’une manière peu visible, elles prennent maintenant un caractère frappant qui ne peut ne pas être aperçu. Le caprice et le drame, la fantaisie et la réalité, vivent, dans les œuvres de la miniature de ce temps, d’une vie forte et progressive. Le livre de saint Jean et les romans de chevalerie, rendus populaires par l’écriture et le récit à un point qui étonne, et que l’imprimerie n’a guère pu accroître, fournissent à l’art chrétien le merveilleux et l’action qui lui assurèrent une poésie et un mouvement particuliers ; et, si ces deux grands éléments de l’art moderne répondaient aux plus hautes tendances de l’instinct artistique, ils les amenèrent encore, en agrandissant et en variant les thèmes ordinaires, à comprendre la nécessité d’une représentation plus fidèle et plus positive de la nature. Cette inclination précieuse pour les futurs progrès de l’art fut puissamment aidée d’ailleurs par un naïf entraînement vers l’histoire naturelle, fomenté par la vulgarisation toute récente des livres d’Aristote, et l’amour de la chasse, une des plus grandes passions de ces temps pleins d’ardeur et de rudesse.