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ici, nous avons tenu à montrer, par les documents choisis avec réflexion et patience à cet effet, comment, dans les arts, chaque idée, chaque affection, se manifeste et se déroule. Rien ne s’y peut isoler absolument. Une chaîne, qu’il n’est point donné à l’esprit humain, même dans ses plus grands mouvements, de briser, tient toutes choses unies et solidaires.

Dans une longue et ténébreuse transition, dont les yeux les plus exercés distinguent mal les nuances délicates, les principes dépérissants et les principes qui naissent se tiennent long-temps embrassés. L’idée qui naît se promet bien d’en finir au plus tôt avec son antagoniste, et, dans un sens, paraît la précipiter à sa disparition ; mais, dans un autre sens, elle lui prête une force qui la perpétue et l’empêche de mourir entièrement. D’un autre côté, l’idée expirante, et qui doit finir par être subalternisée à ce point qu’on la croira disparue, paralyse si longtemps l’idée nouvelle, dans le régime débilitant où elle retient sa jeunesse embarrassée, qu’elle lui ôte toujours une partie de ses espérances en compromettant sa virtualité native. De façon qu’on peut certainement dire, dans les arts, qu’aucune idée ne peut tenir entièrement toutes ses promesses, et qu’aucune ne peut être entièrement ruinée. Malgré elles, les affections les plus inconciliables se concilient ; et quand elles paraissent le plus se faire la guerre et s’exclure, elles se marient davantage, et s’attachent l’une à l’autre pour ne plus se démêler.

Assurément, la critique exclusive de notre temps,