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ne possède pas de manuscrits italiens de ce temps, mais ailleurs les monuments abondent pour prouver que, si l’on excepte l’Angleterre, l’art peut-être n’était nulle part tombé si bas[1].

Mais, à partir de 1150 à 1250, une nouvelle et heureuse impulsion se fait remarquer chez toutes les nations occidentales. À beaucoup d’égards, on peut constater ici des progrès positifs et importants. Tous les germes que nous avons vus poindre dans l’époque précédente vont décidément commencer à se développer dans celle-ci.

Il faut sans doute une attention minutieuse et obstinée pour reconnaître dans les langes de l’an 1000 l’art moderne, si faible, si timide dans ses premiers essais, que beaucoup d’observateurs se sont refusés à admettre qu’il remontât à cette période. Nous-mêmes, on peut le croire, nous nous serions épargné cette confrontation épineuse, pleine d’ennuis et d’obscurités, si nous n’avions voulu qu’en tirer cette notion isolée que l’art moderne pouvait justifier de ses premiers symptômes jusque dans ces temps reculés. À quoi bon la vaine curiosité, menant à des découvertes sans application et sans enseignement dans l’histoire de l’art ? Mais

  1. Voyez un Exultet qui se trouve à Rome, dans la bibliothèque de la Minerva, et le poème connu de Donizo, sur la comtesse Mathilde, qui est conservé au Vatican, sous le no 4922. Ces deux manuscrits datent du onzième siècle, et n’offrent aucune trace ni de clair-obscur ni de modelé. Voyez les gravures de d’Agincourt (peinture, pl. 55 et 66, nos 1 et 2). On trouve d’autres exemples plus nombreux, et de plus amples renseignements dans l’excellent ouvrage de Rumohr (Recherches italiennes, t. I, p. 242 et suiv.).