Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

phéties de Daniel. C’est un volume in-fol., d’une grandeur médiocre, qui se trouvait autrefois dans une église de Saint-Sevère du département des Landes ; la richesse et la beauté de ses miniatures le mettent hors de ligne entre les manuscrits de cet âge, dont il résume tous les caractères.

En Angleterre, au contraire, les guerres des Danois, et les affreuses calamités au milieu desquelles s’assura la conquête de Guillaume et se fonda la féodalité normande, tinrent les peuples trop occupés pour que l’art si tranquille de la miniature pût faire quelque progrès ou réaliser quelque ouvrage d’un peu de conscience et de valeur. Les monuments de l’Angleterre, dans cette période, sont, évidemment et de beaucoup, plus grossiers et plus barbares que ceux de toutes les autres nations[1]

En Allemagne, la miniature ne fit quelques progrès que sur la (in du onzième siècle. Il ne semble pas que la lutte acharnée de Grégoire VII et de Henri IV ait été en rien favorable à la pratique de cet art. Sous le long règne du malheureux empereur, l’Italie et l’Allemagne, sans cesse aux prises, échangèrent tous les fléaux de la guerre, et ne s’empruntèrent rien pour l’accroissement des arts de la paix. Le temps n’était pas encore venu pour ce précieux commerce qui aide à faire religieusement accepter dans l’histoire ces époques de tourmentes et de désastres. Nulle influence heureuse d’un peuple

  1. Voir, à la Bibliothèque Royale, un Évangéliaire, pet. in-fol. (suppl. lat., no 600) ; et un Évangéliaire (St-Victor, no 458).