antique et les inspirations primitives de l’art chrétien destiné à recueillir et à faire valoir cet héritage. Ce qui tomba dans l’automne séculaire de l’an 1000 éleva le sol, et féconda les racines du grand arbre dont nous avons vu au XVIe siècle mûrir les plus beaux fruits.
À partir du XIe siècle, les artistes ne cherchent plus à donner à leurs figures cette solennité inerte et cette dignité froide d’autrefois. Aux conceptions retenues de l’art antique dont le sens était perdu succède toute la fantaisie de l’art moderne. Mais l’indépendance de l’esprit et la largeur du champ jettent d’abord l’affranchi dans tous les écarts de l’inexpérience, et le plus grand effort ainsi que la plus belle prérogative de l’homme est de bien faire dans sa liberté. Rien ne surpasse l’étrangeté des premiers essais des artistes modernes quand, pour en finir avec la pâle allusion et les thèmes imposés, ils cherchèrent à traduire la vie réelle et à exprimer leur pensée originale ; s’exerçant en quelque sorte à parler avant que la langue ne fût faite. Pour se rendre intelligibles, ils recoururent à toutes les exagérations de l’impuissance : attitudes violentes, membres disloqués, contrastes sauvages, expression emphatique, choix baroque. Si l’on excepte quelques figures du Christ et de Dieu le Père, dont on venait d’aborder enfin la représentation, et pour lesquelles l’esprit modérateur de l’Église intervint sans doute, toutes les productions de ces temps sont entachées de ces défauts énormes. Les artistes avaient ouvert l’Apocalypse, et puisaient à l’envi des inventions fantastiques et bizarres à cette source abondante et popu-