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Les œuvres d’art ne reparaissent en effet qu’à partir du XIe siècle.

Cette mystérieuse terreur de l’an 1000, dans lequel on croyait alors que le monde allait finir, exerça sans doute une influence salutaire. L’élan imprimé aux esprits, quand l’appréhension en fut passée, dut compenser, du reste, les malheurs qu’elle avait causés. Nous soupçonnons, par l’étude que nous avons faite des monuments de l’art, que la sagesse des peuples ne fut, dans cette circonstance, qu’à moitié en défaut. Ces monuments attestent que cette époque redoutée vit céder l’art du monde ancien, et nous sommes portés à croire que, si l’on considérait avec attention le mouvement opéré alors dans toutes les autres directions de l’esprit humain, on trouverait un résultat analogue. L’âge moderne nous semble dater de cette époque : autant qu’on peut saisir dans le cours des temps et la complication des choses, le point délicat où une nouvelle civilisation commence réellement à s’appartenir et à dégager suffisamment ses principes et ses germes combattus et étouffés dans la dissolution d’une civilisation expirante, ce point de l’an 1000 sera choisi. Vers l’an 1000 donc, l’art du monde ancien, conservé et propagé pendant tant de siècles, et depuis long-temps vivant et marchant, de plus en plus affaibli, s’abîma décidément. Mais, même dans sa dégradation dernière, toute inouïe qu’elle paraisse, il ne fut point dénué de toute mission. Cette mission, il l’a remplie dans toute son étendue : elle consistait à servir d’intermédiaire entre les traditions de l’art