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cela, pourtant, l’origine barbare de l’ouvrier se trahit dans ces travaux en bien des points. On ne peut attribuer qu’à elle l’énormité des mains et des pieds, leurs doigts longs et courbés en dehors vers les pointes, la grosseur démesurée des têtes, et la brutalité de la façon, toutes choses en contradiction avec les types sveltes et l’exécution fine affectés par les maîtres byzantins.

Les grands travaux de réparation ordonnés par Adrien 1er, et les fondations entreprises par Léon III, furent les premiers fruits de la paix donnée à l’Italie et à l’Église romaine par Charlemagne. Ce fut alors qu’on exécuta, dans une salle du palais de Latran, la grande mosaïque dont on voit encore aujourd’hui d’assez beaux restes sur la place même de Saint-Jean-de-Latran, à Rome. On reconnaît sans peine dans l’ordonnance du sujet, dans la figure du Christ et dans celles de saint Pierre et de saint Paul, les traditions primitives de l’art chrétien. On y remarque de la pureté dans les contours, et quelques efforts pour rendre les ombres et les demi-teintes. Mais, pour juger combien fut rapide la décadence de l’art chrétien relevé un instant, on n’a qu’à voir les mosaïques de l’église de Sainte-Praxède, qui, bien que postérieures de quelques années seulement, sont comme un prélude de la barbarie des trois siècles qui suivirent.

Vers la même époque on cessait de travailler dans les catacombes, et l’attente de ce qui devait arriver l’an 1000, paralysant de plus en plus l’activité des peuples, arrêta quelque temps toute production.