Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

précieux monument. On lira sur les deux dernières pages de cet in-folio des vers latins de l’époque contemporaine indiquant qu’il a été exécuté par l’ordre de Charlemagne et de son épouse Hildegarde. Il y a aussi à Paris un autre Évangéliaire de ce temps. (Bibliothèque Royale. Supplément latin, no 686.)

Ces documents et d’autres encore[1] prouvent que le caractère primitif de la peinture chrétienne, c’est-à-dire le caractère antique, avait été conservé assez fidèlement. Toutefois, dans quelques parties, dans le type de certaines tètes, dans les motifs roides et maigres des plis, dans l’emploi du vermillon et du bleu non rompu, dans les hachures d’or des draperies et le ton verdâtre des chairs, on ne peut méconnaître l’influence byzantine dont nous avons parlé plus haut. Cette influence est plus manifeste ici que dans les miniatures de la célèbre bible conservée dans le cloître de Saint-Calixte à Rome. En tout cas, cette bible n’a point été faite par les ordres de Charlemagne, comme Font, bien à tort, prétendu, Montfaucon, d’Agincourt, et tous les historiens de l’art.

L’influence byzantine que nous constatons dans ces œuvres occidentales est facile à expliquer. Constantinople était alors regardée comme le centre de l’industrie, du goût et de la science. Des témoignages irrécusables établissent que Charlemagne communiqua constamment avec la cour byzantine. Malgré

  1. Voyez D’Agincourt. Rumohr, Recherches italiennes, I, 166. — Dibdin, A biographical, antiq. chr. tour in France and Germany, t. I, p. 165. — Colomann Sanstl. Dissertatio in aureum SS. Evangeliorum cod., etc.