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locale, fournie par des couleurs sans corps, et dont la transparence semble avoir été le seul mérite qu’on pût alors imaginer.

Après vint l’époque plus heureuse de Charlemagne. Le long règne de ce grand homme (768-814) releva le moral des peuples occidentaux. Sous son influence, les beaux-arts reçurent une impression nouvelle dans toute l’étendue de la domination franque. Charlemagne voulut que le soin d’inspecter les églises et les peintures fît partie de la mission des envoyés royaux qui parcouraient ses provinces. Il détermina, dans ses capitulaires, le mode de contribution à fournir pour les ouvrages de peinture. Partout il stimulait les artistes et les évêques, et non content d’exercer son zèle dans ses propres états, il se rendait encore le protecteur des arts auprès des rois étrangers, et s’efforçait de les propager au loin comme une des gloires et un des bienfaits du christianisme. Il ne nous reste guère, après un laps de mille ans, de débris authentiques de ce que Charlemagne et ses successeurs immédiats firent exécuter de grand. Ce qui n’a pas été enseveli sous les ruines des édifices eux-mêmes a péri par l’action dissolvante du climat. Cependant, à défaut des importantes compositions qui couvraient les murs des temples et les lambris des palais, nous avons. d’inappréciables manuscrits ornés de miniatures, entrepris par les ordres de Charlemagne. Nous citerons l’Évangéliaire que l’on conserve dans la Bibliothèque privée du Roi au Louvre. Il ne saurait exister la moindre incertitude sur l’authenticité de ce