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toute latine de Grégoire de Tours, et des quelques grands hommes de l’ordre sacerdotal qui civilisèrent et adoucirent la race conquérante ; on peut supposer, disons-nous, que les travaux d’art conservèrent exclusivement le caractère antique. Ces produits, on le pense bien, ne durent probablement être ni nombreux ni d’une grande valeur. La sauvagerie importée par la conquête et l’abrutissement des populations vaincues avait gagné même les communautés religieuses, seuls centres capables de former et d’abriter les praticiens de l’art jusqu’au treizième siècle. Dans cet abaissement des intelligences même les plus cultivées, les traditions et les acquisitions anciennes durent s’oblitérer. Ce qui est certain au moins, c’est que jusqu’ici aucun manuscrit orné de peinture et d’origine française n’a été trouvé qui fut antérieur au règne de Charlemagne.

En Angleterre, où le christianisme n’envahit la race saxonne que vers l’an 600, on voit, vers le milieu du huitième siècle seulement, apparaître une peinture presque entièrement étrangère aux données antiques et purement barbare. Toute trace de l’importance de la physionomie humaine et de l’entente organique des formes du corps y est absente. Toute largeur d’exécution, toute distinction de la lumière et de l’ombre y ont complètement disparu. Un trait aigu, probablement obtenu par la plume, en tout cas inintelligent et mécanique, mais plein d’une insignifiante fermeté et d’une propreté désespérante, y circonscrit une enluminure simple et