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fendue et aux cheveux longs, séparés sur le front en deux masses, tombant sur les épaules ; cette image qui repose, dit-on, sur une tradition de ressemblance réelle, était à elle seule, en fait d’art, une significative réaction ; il s’ensuivit de fougueuses et de longues controverses, sur toutes les questions de laideur et de beauté, de sérénité et de tristesse qui enflammèrent les docteurs les plus exercés et les plus respectés de l’église. Ce type fut en définitive maintenu. Il était trop conforme aux actions du Christ, et à l’idée qu’on devait naturellement avoir de lui, pour qu’il en fût autrement ; aussi le retrouve-t-on dans tous les grands travaux de la mosaïque. Et, sans insister ici davantage, on peut saisir combien fortement un nouvel élément d’impression était acquis à l’art de l’avenir. Ce n’était pas peu de chose, en effet, que d’avoir jeté dans la sereine et idéale poétique de la Grèce ce contraste inattendu et cette sanctification de la laideur et de la souffrance physique, réhabilités par l’expression morale. Qu’on sonde bien ceci. Tout l’art du moyen-âge, tout l’art moderne sont là.

La vierge Marie fut d’abord représentée sous l’aspect d’une Romaine, encore jeune, toujours seule, assez ordinairement debout, la main sur la poitrine, et les yeux levés vers le ciel. Ce ne fut guère que vers la fin du cinquième siècle (après le concile d’Éphèse tenu en 431) qu’on la peignit assise sur un trône portant l’Enfant Jésus sur ses bras ou sur ses genoux.

Les anges apparaissent sous la figure de jeunes