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développèrent avec tant de force et d’éclat leurs glorieux successeurs du XVe et du XVIe siècle. Attentivement et consciencieusement envisagées, non dans leurs formes, non dans leur aspect, mais dans leurs entrailles, ces œuvres religieuses ont une volonté et une tendance qui les séparent déjà des œuvres profanes ; elles ont quelque chose de solennel, de simple ; qualités, il est vrai, encore essentiellement antiques, mais que ne partagent plus au même degré, peut-être, les productions païennes de cette époque. Elles se distinguent surtout par une austère et indéfinissable dignité dans l’attitude et le caractère des personnages, genre de mérite dont on devait être d’autant plus frappé alors qu’on n’était distrait ni par le charme de l’exécution, ni par les détails accessoires. L’idée fondamentale était là dans toute sa grandeur et dans toute sa simplicité ; c’est sous ce rapport, sans doute, plutôt que sous celui de leur solidité matérielle, que le Ghirlandaio disait, après avoir vu les anciennes mosaïques de Rome, que c’était là la vraie peinture pour l’éternité ; c’est aussi sous ce rapport qu’elles parurent à Raphaël dignes de l’inspirer plus d’une fois, et notamment dans sa Dispute du Saint-Sacrement et dans ses fameux cartons d’Hamptoncourt. Arrêtons-nous maintenant sur les différents modes de représentation que les premiers essais des artistes chrétiens firent prévaloir ; c’est là une recherche intéressante et qui nous conduira à une distinction qui n’a point encore été faite, et qui cependant est d’une haute valeur pour la compréhension de l’art moderne.