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sujet principal, mais encore ses attributions les plus délicates, et jusqu’aux localités et aux heures du jour. Les attitudes, les costumes, l’arrangement des accessoires et le jet des draperies sont identiques. La profonde connaissance de la valeur expressive de chacun des traits de la figure humaine pour traduire les caractères différents, la méthode architectonique ou le calcul de la distribution des figures dans l’espace donné, le sentiment de la noblesse et de la grâce des mouvements, tous ces moyens enfin d’expression et de vie, toutes ces idées d’ordre et de convenance que ne perdit jamais l’art antique, même dans sa dégradation finale, passèrent entièrement dans l’art chrétien. Dans le tissu même de ces œuvres primitives des écoles chrétiennes, dans leur coloration et leur facture, on saisit encore les affections et la marche des décorateurs de l’antiquité. Le coloris large, les teintes blondes et rompues, l’exécution solide et pleine de corps des peintures chrétiennes de ces temps, pourraient les faire confondre avec les peintures retrouvées à Pompeï. Cependant, en gardant la mesure convenable, on peut avouer qu’à toutes ces qualités héréditaires se mêle déjà l’élément nouveau de l’inspiration chrétienne ; à la rigueur même on pourrait concéder que cet élément nouveau est assez fort pour ébaucher en traits généraux le caractère fondamental que l’art chrétien revêtira plus tard. En effet, malgré la déplorable décadence des moyens et des idées dans laquelle s’exercèrent ces artistes primitifs, on voit poindre quelques-unes des données principales que