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Il n’en fut rien ; et c’est là une de ces banalités historiques qu’aucun monument ne justifie, que tous au contraire démentent.

Les circonstances dans lesquelles le christianisme naquit n’ayant pu mettre à sa disposition une technique nouvelle, les inspirations chrétiennes furent long-temps contraintes à se mouvoir dans les formes et les motifs traditionnels de la gentilité. Nous avons déjà sondé les causes qui privèrent, à son avènement, la religion nouvelle des précieux éléments qui eussent assuré dès lors, à ses tentatives dans nos arts, ce caractère de grandeur et de propriété qui plus tard les distingua d’une manière si éminente. L’art chrétien, malgré son intime vitalité, a affecté, pendant les siècles de sa jeunesse, les symptômes extérieurs de déclin et de dépérissement dans lesquels s’est évanoui l’art antique ; c’est particulièrement dans les grands ouvrages en mosaïque de Rome et de Ravenne, dans les peintures des catacombes et les miniatures des vieux manuscrits qu’on peut apprécier le style de l’art chrétien durant la période qui précéda le règne de Constantin, et pendant les premiers siècles qui suivirent l’établissement du christianisme. Ces documents nous fournissent la preuve que la peinture et la sculpture, si l’on excepte quelques rares intentions bibliques, substituées aux intentions mythologiques, reproduisent constamment l’art antique dans toutes ses parties. Partout on retrouve ces personnifications familières aux anciens, et à l’aide desquelles ils exprimaient depuis si long-temps, non seulement leur