Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion de la tour de Babylone par Nembrod. Cet ouvrage coûta neuf années à Don Giulio ; il fut exécuté avec tant de soin et d’application, qu’il est, pour ainsi dire, hors de prix. En effet, il serait impossible de réunir plus d’originalité dans les ornements, dans les attitudes des figures qui couvrent ces pages, que l’on serait tenté d’attribuer à une main divine plutôt qu’à une main mortelle. Les personnages, les fabriques et les campagnes sont si admirablement en perspective, que, de près comme de loin, ils produisent l’illusion la plus complète. Les mille espèces d’arbres qui embellissent les paysages sont si parfaitement rendues, qu’elles semblent appartenir au Paradis. Enfin notre artiste déploya dans ce travail une science profonde du dessin et une remarquable entente de la composition ; ses costumes sont si riches, si variés et si gracieux, qu’on les croirait le fruit d’une intelligence supérieure à celle de l’homme ; aussi peut-on affirmer que Don Giulio a surpassé dans son art les anciens et les modernes, et qu’il a été de nos jours un petit et nouveau Michel-Ange.

Don Giulio peignit, pour le cardinal de Trente, un petit tableau d’un telle beauté, que ce seigneur en fit présent à l’empereur Charles-Quint. Plus tard, Don Giulio exécuta une Madone et un portrait du roi Philippe que le même cardinal de Trente donna à Sa Majesté Catholique.

Un autre tableau de notre artiste, représentant la Vierge, l’Enfant Jésus, sainte Élisabeth, le petit saint Jean et d’autres figures, fut envoyé en Es-