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nico, oubliant, ou voulant oublier, que Niccolò l’avait élevé comme son propre fils, lui donna une honteuse petite somme d’argent et se débarrassa de lui au plus tôt.

Niccolò regagna Arezzo avec la tristesse au cœur, en voyant que l’enfant pour lequel il n’avait épargné ni soins ni dépenses était, à peu de chose près, son ennemi.

Afin de se sustenter, le pauvre vieillard accepta alors les plus minces ouvrages qu’on lui offrait, comme bien des années auparavant lorsqu’il peignit, entre autres choses, une Vierge avec deux saints à ses côtés et planant au-dessus de la commune de Monte-Sansavino. Ce tableau fut placé sur un autel de la Madonna di Vertigli, église de l’ordre des Camaldules où il plaît au Seigneur d’opérer chaque jour des miracles en faveur des fidèles qui se recommandent à la reine du ciel.

Jules III étant monté sur le trône pontifical, Niccolò se souvint des bontés que la famille di Monte avait eues pour lui et se rendit à Rome, malgré ses quatre-vingts ans. Il alla baiser les pieds de Sa Sainteté, et la pria de l’employer dans les fabriques que l’on avait le projet d’élever au Monte-Sansavino dont le duc de Florence avait fait hommage au pape. Jules III accueillit avec bienveillance notre artiste, et ordonna qu’on lui fournît de quoi vivre sans exiger de lui aucun travail en retour. Niccolò demeura ainsi quelques mois à Rome, où, pour passer le temps, il se mit à dessiner d’après l’antique. Sur ces entrefaites, le pape ayant résolu d’exécuter de nom-