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Sicile. Dès qu’il fut arrivé, le vice-roi lui assigna un traitement honorable et mit à ses ordres un cheval et un domestique. Bientôt après, Domenico fut employé aux fortifications du pays, et il abandonna peu à peu la peinture pour des occupations infiniment plus lucratives. Il entreprit de faire charrier du sable, de la chaux, et différents matériaux de construction, et, à ce métier, il réalisa promptement de si beaux bénéfices, qu’il put acheter, à Rome, pour deux mille écus, des offices auxquels il ne tarda pas à en joindre plusieurs autres. Peu de temps après, il fut nommé grand-maître de la garde-robe de Don Ferrante. Ce seigneur ayant ensuite changé son gouvernement de Sicile pour celui de Milan, Domenico l’y suivit, et, de nouveau, opéra si bien dans les fortifications de cet État, qu’il y gagna une immense fortune. De plus, il acquit un tel crédit, que l’on ne faisait presque rien sans lui.

En apprenant ces choses, Niccolò, qui était déjà parvenu à un âge assez avancé, et qui, faute de toute espèce de travail, vivait dans le besoin, à Arezzo, alla trouver Domenico à Milan, pensant que l’élève dont il avait protégé la jeunesse ne manquerait pas de venir en aide à sa misérable vieillesse. Mais il reconnut, à son profond chagrin, que celui qui compte sur autrui nourrit souvent une cruelle erreur, et que les hommes changent encore plus facilement de caractère que de profession. Arrivé à Milan, ce ne fut pas sans peine que Niccolò obtint la faveur de parler à Domenico. Il lui conta toutes ses misères et le supplia de lui accorder quelques travaux. Mais Dome-