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jeune, et par Niccolò. Ce dernier tint en cette occasion une conduite qu’aucun artiste d’aujourd’hui peut-être ne serait disposé à imiter. Niccolò, par sa position de membre de la confrérie del Corpo di Cristo, avait la certitude de l’emporter sur Vasari ; mais, poussé par un noble désintéressement, il sacrifia ses propres intérêts à ceux de son concurrent, auquel il fit allouer le tableau, en voyant de quelle utilité un semblable travail pouvait être à ce jeune débutant.

Pendant ce temps, Domenico Giuntalocchi, étant allé à Rome, eut assez de bonheur pour se mettre en relation avec l’ambassadeur du roi de Portugal, Don Martino, qui se fit peindre par lui sur une grande toile au milieu d’une vingtaine de ses amis. Ce tableau plut tellement à Don Martino, qu’il regardait Domenico comme le premier peintre du monde.

Sur ces entrefaites. Don Ferrante Gonzaga, vice-roi de Sicile, voulant fortifier plusieurs points de ce royaume, écrivit à Don Martino de chercher et de lui envoyer le plus tôt possible un jeune dessinateur capable de retracer sur le papier tous les projets qu’il avait en tête. Don Martino expédia d’abord à Don Ferrante quelques dessins de la main de Domenico, parmi lesquels on remarquait un Colysée qui a été gravé sur acier par Girolamo de Bologne, pour Antonio Salamanca ; un Vieillard traîné dans un char, qui a été également gravé avec cette inscription : ANCORA IMPARO, et enfin le portrait de Don Martino lui-même. Ces dessins ayant plu à Don Ferrante, Domenico se rendit immédiatement en