Lappoli peignit en outre quelques Madones qui sont à Arezzo et ailleurs, et une Judith qui met la tête d’Holopherne dans une corbeille tenue par une servante. Ce dernier tableau appartient aujourd’hui à Messer Bernardetto Minerbetti, évêque d’Arezzo, ami de notre artiste et de tous les gens de mérite. Messer Bernardetto possède encore divers ouvrages du même auteur, et entre autres un beau Saint Jean-Baptiste dans le désert.
Lappoli finit par reconnaître que la perfection de l’art consistait à acquérir de bonne heure une grande richesse d’invention, à bien posséder le nu et à traiter facilement ses difficultés. Il se repentit de n’avoir pas consacré à l’étude le temps qu’il avait perdu dans de vains plaisirs. Il s’avoua que l’on ne fait pas dans la vieillesse ce que l’on pouvait faire dans la jeunesse. Il avait toujours senti son erreur, mais il ne la comprit clairement que sur la fin de sa vie, lorsque, s’étant mis à étudier, il eut vu Giorgio Vasari exécuter à l’huile, en quarante-deux jours, pour le réfectoire de l’abbaye de Santa-Fiore à Arezzo, les noces d’Esther et d’Assuérus, tableau de quatorze brasses de largeur sur six et demie de hauteur, renfermant plus de soixante figures plus grandes que nature. En voyant peindre Vasari, Lappoli lui dit : « Je reconnais bien maintenant que c’est le travail et non le Saint-Esprit qui donne le talent. »
Lappoli fit peu de fresques ; néanmoins, il laissa à Murello une Piété avec deux petits anges nus d’une exécution remarquable.