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et en un mot tout ce que possédait le pauvre Giovan-Antonio. Lui-même, après avoir été cruellement tourmenté par les Espagnols qui espéraient le rançonner, dut s’estimer heureux d’avoir pu s’enfuir en chemise, pendant la nuit, avec d’autres prisonniers. Le désespoir au cœur, il se jeta au péril de sa vie dans des chemins dangereux qui le conduisirent à Arezzo, où il fut recueilli à moitié mort de fatigue et d’effroi, par son oncle Messer Giovanni Pollastra, écrivain de mérite (2).

La même année, la ville d’Arezzo fut ravagée par une terrible peste qui enlevait chaque jour quatre cents personnes. Lappoli fut de nouveau contraint de chercher un refuge à la campagne. Lorsque enfin au bout de quelques mois la disparition du fléau eut permis de rétablir les communications, Fra Guaspari, gardien du couvent de San-Francesco, chargea Giovan-Antonio d’orner le maître-autel de son église d’une Adoration des Mages, dont le prix fut fixé à cent écus. Lappoli alla aussitôt trouver le Rosso, qui était à Rorgo-San-Sepolcro, où il exécutait le tableau de la Confrérie de Santa-Croce. Comme le Rosso avait tout perdu dans le sac de Rome, Lappoli lui apporta différents objets dont ce maître avait grand besoin, et il en obtint en revanche un magnifique dessin, d’après lequel il peignit son Adoration des Mages. Il termina sa tâche dans l’espace d’une année, à partir du jour de la signature du contrat, et il s’en acquitta de façon à mériter de grands éloges. Le dessin du Rosso a appartenu à Giorgio Vasari, qui le céda ensuite au