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des autres, de femme exceptionnelle ? On pourrait dire, à l’avantage des femmes, que toutes celles qui ont étudié ont eu généralement du talent, et qu’il n’en est point ainsi toujours pour nous. Ce fait qui est très avéré pourrait cependant, nous le sentons, nous entraîner dans une controverse dans laquelle il serait insignifiant d’entrer. Nous nous bornons à le poser pour insinuer qu’il ne serait pas inutile d’ouvrir la voie des vraies études de l’art aux femmes, certains que nous sommes que ces études pour elles seraient parfois un secourable et jamais un dangereux support. Qu’on nous permette une comparaison pour nous mieux faire comprendre.

Combien d’hommes, entièrement adonnés au lucre et aux affaires, n’ont-ils pas fait ces fortes études qui mettent à même de choisir ? Combien d’industriels et de marchands n’ont-ils pas été plus favorisés dans leur jeunesse que tels ou tels savants ou artistes, qui n’ont pu que fort tard suppléer au manque d’instruction première ? Voit-on ces hommes moins attentifs à leurs intérêts et moins fidèles à leurs entreprises ? Les enivrantes mélodies de l’étude, les nobles tendances du savoir, troublent-elles si fort leurs calculs et leurs mouvements, et s’y trouvent-ils plus ravalés et moins à l’aise que d’autres, là où leur passion les a fixés ? Pourquoi donc une femme, dont l’intelligence et les facultés auraient été développées, ne conviendrait-elle plus à la vie domestique et aux soins intérieurs, si son désir ou son devoir l’y ramenait ? Non, certes, nous ne croyons pas, et personne ne nous fera croire que