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la femme de ce chantier ouvert, où toute conviction soulève son fardeau et gagne son salaire, contredit sa vieille légende, son universelle histoire. L’art doit utiliser et sanctifier la mauvaise passion des filles d’Ève. Il appelle leur curiosité dans ses labyrinthes sans limites, pleins de secrets et de merveilles. Que de choses la nature des femmes, si on la connaît bien, depuis les premiers temps du monde qu’on en parle, peut ne pas refuser à l’œuvre ! L’amour qui vivifie, la passion qui exalte, et que sais-je ! l’admiration et le dégoût, l’attendrissement et le dépit, la pudeur et l’effronterie, l’humilité et l’exagération, et la vanité pour dominer le tout, voilà certes bien des moyens sûrs de marquer dans les arts en général.

Maintenant revenons vite, comme il convient ici, à la peinture et à la sculpture par rapport aux femmes. Malheureusement nous ne vivons pas dans une époque de géants, et nos productions ne sont guère monumentales. La peinture et la sculpture mobilières sont, à une bien petite exception près, la seule ressource des artistes même du plus grand mérite. Cet ordre de travaux permet plus que jamais aux femmes de concourir avec nous, au moins sous le point de vue des fatigues physiques. Reste la question des études ; mais aujourd’hui encore les conditions offertes aux femmes à cet égard n’ont rien de plus fâcheux que celles que nous avons à subir nous-mêmes. Pour elles comme pour nous l’éducation se fera mal, et des deux parts, la jeunesse misérable qui n’est point secourue passera par les mêmes pri-