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gique où nulle force ne reste latente, où toute virtualité est vite couronnée par l’action. En peut-il être de même aujourd’hui ? La digue odieuse, impie, des privilèges, des sophismes, des méthodes bâtardes et abâtardissantes, refoule et paralyse même ceux qui viennent à l’art à la façon dont marchent les torrents à travers les terres. Les plus fortes natures, dans nos temps embarrassés, ne se peuvent tenir une heure dans leur force et dans leur liberté. Que voulez-vous que deviennent ces organisations faibles et tranquilles, mais saines et consciencieuses, qui, comme ces filets d’eau limpide, mais rares, coulent sans grand bruit sous les herbes ? Le modeste Francesco n’est pas plus possible et trouvable aujourd’hui dans nos ateliers que son impérieux ami, que son avide et enthousiaste condisciple Michel-Ange.

Cherchez, en effet, chez quelque Ghirlandaio d’aujourd’hui, et sur les bancs de notre école royale, un jeune amateur comme était Francesco dans les jardins des Médicis. Assurément vous ne le trouverez pas. Cette vocation, ainsi que beaucoup d’autres, aura été écartée ou, qui pis est, inutilisée. Car, ne songer qu’à mener une vie douce et joyeuse, travailler pour passer le temps plutôt que par nécessité, en prendre à son aise enfin en toutes choses, est-ce là un programme auquel notre éducation moderne puisse répondre ? Saura-t-elle tirer quelque chose de qui se présente ainsi à elle ? L’éducation florentine savait encore faire avec de tels hommes de grands artistes et de savants praticiens. Le Granacci