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par ses lois arbitraires, ne contrarie les lois naturelles des organisations. Tout à l’heure, d’une manière encore incomplète, et à laquelle il faut de toute nécessité que le lecteur supplée, nous signalions hardiment les inconvénients ruineux d’une éducation mal entendue, et nous faisions ressortir toutes les déperditions qui en résultent. Dans les beaux temps de l’art, rien ne lui était disputé ; tout ce qui devait l’accroître, le compléter et le répandre, lui affluait. Pour grossir ses eaux, élargir son lit, assurer son cours, on laissait au fleuve vivifiant de l’art arriver tout ce qui inclinait à lui. Les indomptables vocations, les irrésistibles caractères, ne lui arrivaient pas plus sûrement que les nonchalantes volontés, que les insoucieuses persistances. À côté de l’altier et actif Michel-Ange, n’avons-nous pas vu rayonner dans une gloire entière le timide et indolent Andrea ; à côté de l’intrépide Bramante, le pusillanime Peruzzi ; à côté de l’austère Titien, le voluptueux Giorgione ? Combien, sans chercher long-temps, on multiplierait ces exemples ! Partout le même spectacle en toutes circonstances et dans toutes les écoles ! Et si, pour rendre cet aperçu plus frappant, nous choisissons les noms célèbres, combien ne l’appuierait-on pas davantage en réalité pour les esprits attentifs, en évoquant des noms plus obscurs !

On verrait mieux par là, et en se prêtant franchement à cet examen minutieux, que pour l’art rien ne se perdait, qu’il savait recruter à fond tout ce que lui offrait une génération. Expansion ma-