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déploya pas de moins étonnantes qualités en architecture ; et, enfin, il montra toujours un esprit supérieur à sa fortune.

Dans sa jeunesse, le Rosso dessina d’après les cartons de Michel-Ange ; mais il ne suivit la manière d’aucun maître, et l’on reconnaît facilement son génie créateur dans les peintures à fresque qu’il exécuta hors de la porte San-Pier-Gattolini de Florence, à Marignolle, où il représenta un Christ mort, pour Piero Bartoli. C’est là qu’il commença à prouver la supériorité de son style sur celui de tous ses rivaux.

Lorsque le pape Léon éleva au cardinalat Lorenzo Pucci, le Rosso peignit, sur la porte de San-Sebastiano des Servîtes, les armes de la famille Pucci, accompagnées de deux figures. Il réussit complètement dans cet ouvrage, ce qui étonna d’autant plus les artistes du temps qu’ils s’attendaient à le voir échouer. Ayant ensuite fait pour Maestro Giacopo, frère servite, qui s’occupait de poésie, un tableau renfermant la Vierge et saint Jean l’évangéliste, à mi-corps, il se laissa déterminer par ce religieux à peindre dans la cour du couvent, en pendant de la Visitation de Giacopo Pontormo, une Assomption de la Vierge, où l’on voit de petits anges dansant autour de la reine du ciel, et les Apôtres couverts de riches draperies. Le directeur de l’hôpital de Santa-Maria-Nuova lui avait commandé un tableau ; mais cet homme ignorant, étant allé le visiter au moment où il venait de terminer son ébauche, prit la fuite, prétendant qu’il l’avait trompé, en