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donna un bloc de marbre de deux tiers de brasse de largeur sur une brasse et demie de hauteur. Le Vinci y sculpta en bas-relief un Christ à la colonne, que l’on ne peut regarder sans étonnement, lorsque l’on songe que notre artiste n’avait pas encore dix-sept ans, et qu’il avait acquis en moins de cinq ans une habileté que les autres n’arrivent à posséder qu’à l’aide d’une longue expérience.

Dans ce temps, le Tribolo, ayant été investi de la charge de surintendant des canaux de la ville de Florence, jugea nécessaire d’agrandir l’ouverture de l’égout de la vieille place de Santa-Maria-Novella, afin de procurer un plus large débouché aux eaux qui y aboutissent de tous côtés. À cet effet, il chargea le Vinci de modeler en terre un mascaron de trois brasses, dont la bouche ouverte devait engloutir les eaux pluviales. Le Vinci traduisit ensuite ce modèle en pierre, par l’ordre des officiers de la Torre, avec le secours du sculpteur Lorenzo Marignolli (2), qu’il appela lui-méme pour achever plus promptement ce travail qui sert à Futilité de toute la ville non moins qu’à l’ornement de la place.

À cette époque, le Vinci se crut assez avancé dans l’art pour tirer bon profit de la vue des chefs-d’œuvre de Rome et de la fréquentation des grands maîtres qui habitaient cette ville. Il saisit donc avec empressement la première occasion d’y aller qui s’offrit à lui. Francesco Bandini, ami intime de Michel-Ange Buonarroti, étant venu de Rome à Florence, fut mis en relation par Luca Martini avec notre artiste. Il lui demanda le modèle en cire d’un tombeau qu’il