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grand homme, on ne le désigna plus jamais sous le nom de Pierino, mais bien sous celui du Vinci. Le Vinci donc, ayant souvent entendu vanter les monuments de Rome, désira ardemment visiter cette ville où il espérait voir à son grand profit, non seulement les antiques, mais encore les chefs-d’œuvre de Michel-Ange, et ce divin artiste lui-même. Il partit en compagnie de plusieurs de ses amis, et lorsqu’il eut vu Rome et tout ce qu’il désirait, il revint à Florence, pensant sagement que les merveilles de Rome étaient encore trop profondes pour lui, et qu’elles exigeaient plus de science et de maturité qu’il n’en avait pour être étudiées et imitées avec fruit.

Le Tribolo venait de terminer, pour la fontaine du Labyrinthe, le modèle d’une tige ornée de quelques satyres en bas-relief, de quatre masques de moyenne dimension, et de quatre petits enfants assis et en ronde-bosse. Le Tribolo confia l’exécution de cette tige au Vinci qui la conduisit à bonne fin, et l’enjoliva de divers travaux de son invention qui produisaient un effet charmant. Le Tribolo imagina de placer sur le bord du bassin de cette fontaine quatre enfants couchés et folâtrant dans l’eau avec les mains et les pieds. Le Vinci modela en terre ces quatre figures. Elles furent ensuite jetées en bronze par Zanobi Lastricati, sculpteur et fondeur d’un rare mérite (1).

Luca Martini, proveditore du Mercato-Nuovo et ami intime du Tribolo, voulant être utile au Vinci dont il estimait le talent et le caractère, lui