Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/819

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Florence ratifièrent le jugement que le Tribolo avait porté sur son élève. Pierino sculpta ensuite, pour les fontaines de Castello, un enfant dont les mains serrent un poisson qui lance de l’eau par la bouche. D’un bloc de marbre qu’il reçut du Tribolo, Pierino tira encore deux enfants qui se tiennent embrassés, et font jaillir de l’eau par la bouche de deux poissons qu’ils étreignent vigoureusement. Ces figures sont si gracieuses, que l’on pouvait déjà comprendre que Pierino aurait conduit à bonne fin les travaux les plus difficiles.

Animé par le succès, il acheta un bloc de pierre grise, long de deux brasses et demie, qu’il plaça dans sa maison, au coin de la Briga, et qu’il tailla le soir, la nuit et les jours de fête, si bien qu’il en fit, d’après une maquette qu’il avait lui-méme modelée en terre, un Satyre accroupi aux pieds d’un Bacchus couronné de pampres, et tenant d’une main une coupe, et de l’autre une grappe de raisin. Pierino déploya dans ce groupe et dans ses autres premières productions une facilité surprenante qui n’offense jamais l’œil, et à laquelle la critique la plus sévère n’a rien à reprocher. Le Bacchus, acheté primitivement par Bongianni Capponi, orne aujourd’hui la cour de Lodovico Capponi.

Pendant que Pierino travaillait à ces ouvrages, peu de gens savaient qu’il fût le neveu de Léonard de Vinci ; mais personne ne l’ignora aussitôt que son talent l’eut rendu célèbre. Dès lors, tant à cause de sa parenté avec Léonard, qu’à cause de son propre génie qui lui donnait tant de ressemblance avec ce