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voulut donner le nom de Léonard ; mais, sur le conseil de ses parents, il l’appela Piero en mémoire de son grand-père.

Dès l’âge de trois ans, le Pierino était un bel enfant, aux longs cheveux bouclés, dont tous les gestes respiraient une grâce et une vivacité merveilleuses, À cette époque. Maestro Giuliano del Carmine, astrologue d’un haut talent, et un prêtre chiromancien, vinrent à Vinci passer quelque temps chez leur ami Bartolommeo. Ces deux habiles hommes examinèrent le front et la main de notre Pierino, et prédirent qu’il aurait un grand génie, qu’il ferait de rapides progrès dans les arts, mais qu’il mourrait à la fleur de son âge. Plût au ciel que la première partie seule de cette prophétie se fût réalisée ; malheureusement elle ne fut que trop vraie de tous points !

Pierino apprit de son père les premiers éléments des lettres ; mais, sans autre maître que lui-même, il se mit à dessiner et à modeler en terre de telle façon, qu’il montra clairement que l’influence céleste aperçue par l’astrologue et le chiromancien commençait à opérer. Bartolommeo jugea que Dieu avait exaucé ses vœux, et lui avait donné dans son fils un second Léonard.

Pierino avait alors douze ans. Son père, pensant qu’il était temps de l’éloigner de son village, le conduisit sans délai à Florence. Comme Pierino semblait avoir plus de dispositions pour la sculpture que pour la peinture, Bartolommeo le laissa au Baninelli avec l’espoir que ce sculpteur, qui avait été