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testable folie. Sa figure, si noble et si élégante, prit, sous une barbe hérissée et sous une longue chevelure en désordre, un aspect sauvage et misérable. Il aurait été impossible de reconnaître le Francesco d’autrefois. Enfin la mélancolie s’empara de lui ; sa santé s’altéra, et il fut attaqué d’une fièvre grave compliquée d’un cruel flux de sang qui le conduisit en peu de jours au tombeau. Tels furent ses derniers jours dans ce monde dont il ne connut que les dégoûts et les ennuis.

Il voulut être enterré dans l’église des Servites appelée la Fontana et située à un mille de Casal-Maggiore. Suivant sa volonté, il fut enseveli nu et avec une croix de cyprès sur la poitrine. Il mourut le 24 août 1540. La grâce singulière qu’il sut imprimer à ses productions rendit sa perte bien regrettable.

Francesco aimait à jouer du luth, et avait de telles dispositions pour cet art qu’il ne s’y montra pas moins habile qu’en peinture.

S’il n’avait pas travaillé par boutades, et s’il s’était gardé des sottises de l’alchimie, il est certain qu’il aurait été l’un des plus grands peintres de son siècle. Je suis loin de dire que travailler par inspiration et quand la fantaisie vous prend ne soit pas ce qu’il y a de meilleur, mais je blâme ces hommes qui consacrent leur temps à de vaines spéculations qui les entraînent à travailler peu ou point. Le plus souvent même la recherche de l’impossible est cause que l’on perd ce que l’on possédait déjà. Si Francesco se fût astreint à un travail journalier, il n’au-