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et surtout celles de Raphaël et de Michel-Ange qu’il entendait vanter chaque jour. Il manifesta son désir à ses oncles qui l’approuvèrent, mais lui dirent en même temps qu’il agirait sagement en emportant quelque peinture de sa main, qui pût lui servir de recommandation auprès des seigneurs et des artistes. Francesco suivit ce conseil et fit deux petits tableaux et un très-grand dans lequel on voit un vieillard aux bras velus, à côté de la Vierge portant l’Enfant Jésus, qui reçoit des fruits que lui offre un ange. Francesco exécuta en outre son propre portrait à l’aide d’un miroir concave, sans reculer devant la difficulté de reproduire les poutres du plafond, les portes et toutes sortes d’accessoires qui prenaient une courbe étrange et fuyaient d’une façon bizarre en se reflétant dans cette glace. Il se servit d’une pièce de bois hémisphérique, d’une forme et d’une dimension exactement semblables à celles du miroir, pour se représenter avec tout ce qui l’entourait, et il réussit au delà de ce que l’on saurait imaginer. Comme les objets croissent ou diminuent dans les miroirs concaves en raison de la distance plus ou moins éloignée où ils se trouvent, notre artiste plaça sur son premier plan une main assez grande et si belle qu’elle produisait une illusion complète. Quant au portrait lui-même, il paraissait divin ; car Francesco avait plutôt le visage d’un ange que celui d’un homme. Enfin, cette peinture était si parfaite dans toutes ses parties, qu’elle ne différait aucunement de la réalité : le brillant du verre, les moindres reflets, les ombres et les lumières