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Nous avons déjà fait remarquer combien les données et les ressources particulières à l’école vénitienne s’adaptaient heureusement au genre dans lequel s’exerça principalement Jean d’Udine sous la direction de Raphaël. Nous voyons ici qu’un Vénitien en fut, à bien dire, le premier introducteur ; car, bien que le Vasari ne s’en explique pas suffisamment, il est certain que, par sa naissance autant que par son éducation, Morto doit être enregistré dans l’école de Venise en sa qualité d’élève et de collaborateur du Giorgione.

Les œuvres du Morto, au moins dans leur majeure partie, sont mieux connues que les particularités de sa vie qui, suivant toutes les apparences, fut fort aventureuse. Il quitta Venise de bonne heure, et y revint après avoir voyagé et travaillé en beaucoup d’endroits de l’Italie, et pris sa part dans les grandes entreprises de Rome et de Florence. Tour à tour partagé entre le désir de se distinguer dans les inventions décoratives, dans les productions historiques et dans la carrière militaire, il paraît qu’il était également propre à y parvenir, et qu’il y réussit. S’il n’eût pas été tué presque à son troisième début, il semble qu’il était en beau chemin ; car, dans ces temps de forte aristocratie, d’épouvantables violences et de petites armées, ce n’était pas d’un mince espoir pour un commençant que de conduire déjà deux cents condottieri à la bataille. Suivant les différents habits qu’il endossa, Morto changea-t-il de nom ? On le croirait au nombre sous lequel on le voit successivement désigné : Pietro de