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tendi, et fit les ornements des antichambres où sont les tableaux de Jacopo da Pontormo et du Franciabigio. Il alla avec ce dernier au Poggio, et il y exécuta en clair-obscur les bordures des sujets historiques de la grande salle. Il est impossible de rien voir de mieux.

Il peignit en sgraffito la façade du cavalière Guidotti dans la Via Larga, et celle de la maison que Bartolommeo Panciatichi construisit sur la place degli Agli, et qui appartient aujourd’hui à Roberto de’ Ricci (2). Je passerai sous silence les coffres, les bahuts et les plafonds qu’il décora de sa main, tant ils sont nombreux, ainsi que les écussons de toutes sortes qui sortirent de son atelier ; car pas une noce n’avait lieu sans que tantôt celui-ci, tantôt celui-là, ne vînt lui commander quelque chose. Il ne se faisait point de brocarts à ramages, de toiles et de draps tissus d’or qu’il n’en fournît les dessins, et si gracieux, si variés et si beaux, qu’il semblait donner la vie et l’âme à toutes ces choses. Certes, si Andrea avait connu sa valeur, il aurait amassé une immense fortune ; mais, content de sa vie modeste, il ne songea qu’à son art.

Dans ma jeunesse, j’étais au service du duc Alexandre de Médicis quand Charles-Quint vint à Florence. On me donna alors à faire les bannières de la citadelle, parmi lesquelles il y avait un étendard d’étoffe cramoisie de dix-huit brasses de largeur sur quarante de longueur, qu’il fallait couvrir tout à l’entour d’ornements dorés, et des devises de l’empereur Charles-Quint et de la maison Médicis. Le