Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/730

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vrai que la plus grande gloire en appartient au Morto pour les avoir le premier cultivées et remises en honneur. N’y a-t-il pas plus de mérite, en effet, à inventer qu’à perfectionner ?

Andrea, surnommé di Cosimo parce qu’il avait autrefois étudié la figure dans l’atelier de Cosimo Rosselli, fut ensuite désigné par le nom de Feltrini en mémoire de Morto da Feltro qui lui avait enseigné les grotesques. Andrea exerça à Florence cet art nouveau pour lequel il avait de telles dispositions naturelles, qu’il trouva des ornements plus riches et plus abondants que ceux des anciens, et distribués dans un ordre meilleur et entièrement différent. Il y mêlait parfois des figures, ce qui ne se voit qu’à Florence où ses ouvrages sont très nombreux. Il ne fut jamais surpassé par personne dans ce genre, comme le témoignent les grotesques dont il orna la bordure et le gradin de la Piété que le Perugino peignit sur l’autel des Serristori à Santa-Croce de Florence. Ces grotesques, composés de couleurs variées, se détachent avec grâce et vigueur sur un fond noir et rouge (1).

Andrea di Cosimo Feltrino fut le premier qui décora en sgraffito les façades des palais et des maisons. Voici comment il procédait : il revêtait la muraille d’un mortier mêlé avec du charbon pilé ou avec de la paille brûlée. Lorsque cet enduit noir était encore frais, il le recouvrait d’une couche blanche sur laquelle il traçait les dessins de ses grotesques avec des cartons piqués et à l’aide d’un tampon rempli de charbon pilé qu’il frappait sur le